Elle n’en menuet pas large

Comme Lépicurien, mon cher Patron, vous l’a dit, il m’a confié la lecture du livre de Nicolas Venette. Dans un récent article, il vous relatait les signes d’une grossesse tels que les voyaient nos ancêtres du XVII° siècle. Dans ce même ouvrage, et afin de reprendre les choses par le bon bout (si j’ose dire), j’ai relevé quelques réflexions qui à la fois amusent et agacent. Elles amusent parce que nos connaissances actuelles contredisent les propos tenus. Mais elles agacent car la femme y est souvent moins considérée que son homme. Ainsi, vous lirez dans cet extrait une comparaison peu flatteuse pour la femme et très flatteuse pour la plus belle conquête de l’homme :

danseL’exercice que font les gens mariés en dansant le jour de leurs noces, paraît extravagant à plusieurs personnes, qui blâment toujours ce qui ne leur plait pas. Ils ne sauraient se persuader que ce n’est pas sans raison que l’usage tolère cette ancienne coutume. Mais si l’on faisait un peu de réflexion sur les effets que causent les mouvements des mariés, peut-être trouverait-on que la danse des noces n’a été inventée que pour perpétuer plus aisément l’espèce des hommes; car ce n’est ni la malice du siècle, ni la dépravation des mœurs, ni l’adresse de l’amour, ni les voluptés déréglées , qui sont la cause de cette cérémonie : c’est la raison même qui a voulu que les mariés dansassent le jour qu’ils se marient ; afin que, par cette agitation, leur corps fût plus libre, plus ouvert et plus propre à la génération.

Les naturalistes nous font remarquer que si l’on veut avoir un cheval de prix, on doit fatiguer la cavale [1] avant qu’elle soit couverte, et que de cette conjonction plutôt que d’une autre, il naît ordinairement un animal fougueux et propre à la guerre.

Ainsi les femmes s’étant agitées avant que de se joindre amoureusement à leurs maris, sont défaites d’une partie de leurs excréments, et la chaleur qu’elles ont acquise en dansant a servi à dessécher leurs parties amoureuses, qui ne sont le plus souvent que trop humides, et qui, par ce moyen, ne sont pas disposées à la génération ; car la trop grande humidité de ces parties est une des principales causes de stérilité des femmes.

Après ces dispositions, on doit observer dans le mari et dans la femme d’autres circonstances qui servent de conjectures pour établir la connaissance que nous pouvons avoir de la grossesse d’une femme ; car si le mari n’est ni trop jeune ni trop vieux, que son tempérament soit robuste et ses parties principales bien saines ; qu’il ne soit ni trop gras, ni trop maigre, et qu’il ait les parties de la génération bien faites et bien disposées ; que d’ailleurs la femme ait aussi les mêmes dispositions, qu’elle soit dans la fleur de son âge, et qu’elle jouisse d’une santé parfaite, qu’elle ne soit ni trop grande ni trop petite, et que ses règles aient accoutumé de couler selon les lois de la Nature, je ne doute que s’il y a les moindres marques que la femme soit grosse, on ne doive se le persuader, après tant de dispositions d’un côté et d’autre.

Mona rête pas de danser… Est ce un signe, selon vous ?


[1]‘ Ancien mot français désignant la femelle du cheval

1 pensée sur “Elle n’en menuet pas large”

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *