Grosse faim

Moi, je cuisine et il paraît que çà me réussit !!!!

Avec Lépicurien, nous avons déjà attiré votre attention sur notre mode de vie qui a laissé la place de cuisinier(ière) aux grands groupes agro-alimentaires qui ont pondu une bouffe mal équilibrée trop riche en  sucres et matières grasses. De plus, pour obtenir un prix toujours plus bas, on utilise des additifs et des produits plus ou moins toxiques ou pour le moins non digestes.

Un de nos lecteurs assidus m’a fait parvenir un article du Monde qui dévoile que les obèses sont plus nombreux sur terre que les mal-nourris.

Le sujet est trop grave pour plaisanter, mais je voudrais ajouter que nous avons deux sortes de pauvres : ceux de l’hémisphère sud qui cherchent de la nourriture pour subvenir et ceux de l’hémisphère nord qui ingurgitent les premiers prix de nos industriels. Ces produits carencés en vitamines et sursaturés en graisse et sucre font de bons gros.

En résumé, un pauvre du sud est sous-alimenté et un pauvre du nord est gros. Décidément notre monde marche sur la tête. Mais enfin le principal c’est que nos industriels et distributeurs accroissent leurs profits et puissent manger de bonnes choses et suivre leur petite thalasso pour éliminer les quelques kilo accumulés avant de partir se vautrer sur leurs plages privées.

Mona même plus faim quand elle lit des informations comme çà. Si çà se trouve, je vais maigrir…

Céliberté

Mona et Fontenelle : deux coeurs à prendre

Hormis ceux qui ont conservé leur Lagarde et Michard, peu d’entre nous seraient à même de citer trois œuvres de Fontenelle. Cet écrivain que nous avons déjà croisé sur ce blog, vécut 100 ans. Il ne manquait pas d’humour. J’en veux pour preuve cette jolie prière :

Ô mon Dieu, faites-moi la grâce de ne jamais me marier !

Ô mon Dieu, si je me marie, faites-moi la grâce de n’être pas cocu !

Ô mon Dieu, si je suis cocu, faites-moi la grâce de ne pas en être informé !

Ô mon Dieu, si j’en suis informé, faites-moi la grâce de ne pas le croire !

Ô mon Dieu, si je le crois, faites-moi la grâce de m’en moquer !

Ce qui ne l’empêcha pas de dire à la fin de sa longue vie de célibataire : « Il me manqua d’aimer« .

Allez Mona, buvons un coup à votre célibat qui dure ! Mais non, mon petit, on ne dit pas d’un vin que sa robe est jaune cocu, on dit plutôt paille ou or. Bien justement Mona, je vous invite à boire un vin blanc : un Aligoté 2007 de Bruno Clair. Ce vin bourguignon au nez de fleurs blanches et d’agrumes tapisse le palais d’une jolie fraîcheur.

Il est vraiment Breffort

Avec Dali, je persiste et cygne (Mona-dmirative)

Alexandre Breffort (1901-1971) fut journaliste au Canard Enchainé, écrivain et homme de théâtre. Il aimait détourner les citations et les glissait en épigraphes de chapitres[1].

  • Fais-moi un cygne (Léda)
  • A nous deux, Pâris (La Belle Hélène)
  • Zut, j’ai loupé ma correspondance (Madame de Sévigné)
  • Dernier de Corday (Marat)
  • Mange ! (Madame Cambronne à son fils)
  • Attention, il y a une marche (Chopin)
  • La place d’une femme est au foyer (Landru)

Et enfin… :

  • Cà commence bien ! (Dieu)

Mais moi aussi je m’amuse avec des citations :

  • Mon métier et Mona-rt, c’est vivre.  (Montaigne)
  • J’ai supporté les infidélités de mon mari tant que j’ai aimé Mona-mant. (Marcelle Auclair)
  • J’aime mieux forger Monâ-me que la meubler. (Montaigne)
  • Le plus sot animal, à Mona-vis, c’est l’homme. (Nicolas Boileau)
  • Impossible de vous dire Monâ-ge, il change tout le temps. (Alphonse Allais)
  • Quand les gens sont de Mona-vis, j’ai toujours le sentiment de m’être trompé. (Oscar Wilde)
  • Mona-tout de cœur, c’est pour vous mon as (Mona)

Allez à bientôt et tout Mona-mour est pour vous !


[1] Notamment : Les Contes du grand père Zig, 1946.

Une histoire sans fondement ?

Je ne savais pas, Mona, que vous connaissiez Curnonsky

Maurice Edmond Saillant (1872-1956) est connu comme le « Prince des Gastronomes ». Journaliste, il prend un nom d’emprunt et devient Curnonsky[1]. Force de la nature, 1.85m pour 120 kg, ce beau bébé sait se tenir à table.

Devenu journaliste spécialiste de la table et du vin, il lancera « Cuisines  et Vins de France » en 1947[2], après avoir créé l’Académie des Gastronomes en 1930 et l’Académie du Vin de France en 1933. Outre ses articles, il a laissé une vingtaine d’ouvrages sur l’art de la table, de la cuisine et du vin.

En prenant de l’âge, il fut opéré de la prostate. Au sortir de l’hôpital il est lucide en parlant de son « appareil de moins en moins génital et de plus en plus urinaire. » Et lorsqu’un ami s’inquiète de sa santé et de son moral, il aime répondre : « Oh le moral, çà va ; mais c’est plutôt l’immoral qui m’inquiète. »

Curnonsky aimait particulièrement les vins de Jasnières. Aussi Mona, je vous propose le Domaine des Gauletteries 2010. La cuvée Tradition est un joli vin sec aux arômes d’agrumes qui vieillira bien quelques années.


[1] De Cur : pourquoi en latin, Non : pas, Sky. La mode est à l’amitié franco-russe au début du XX° siècle et lorsqu’on lui conseilla de signer sous un nom d’emprunt, il répondit « Pourquoi pas sky » autrement dit Curnonsky.
[2] Cette revue existe toujours

Un gland dommage

Dis donc, Loulou, tu pourrais t'intéresser à moi, hein ?

Marie-Antoinette n’a pas été épargnée par ses contemporains. Dès son mariage, des incidents et accidents furent interprétés comme des signes de mauvais augure. Puis pendant des années, son royal époux ne fréquentait pas son lit et la Cour s’impatientait. Cette Autrichienne serait-elle capable de donner un héritier à la couronne ? Alors que Louis XVI souffrait d’un phimosis, il refusait l’opération par peur et espérait une issue naturelle à ce mal (si j’ose dire). Mais ses tentatives se soldaient par des échecs répétés et le mariage n’était toujours pas consommé. C’est au bout de sept ans, pressé par le frère de sa femme venu spécialement à Versailles, qu’il se fit opérer et rapidement un bébé arriva. Manque de pot, c’était une fille… De plus, des « gens bien informés » laissaient entendre que cette grossesse n’était pas due au roi mais à tel ou tel amant supposé…

Voici une lettre (un extrait) que Marie-Antoinette adressa à sa mère Marie-Thérèse, en 1775 :

« Nous sommes dans une épidémie de chansons satiriques. On en a fait sur toutes les personnes de la Cour, hommes et femmes, et la légèreté française s’est même étendue sur le roi. La nécessité de l’opération a été le mot principal contre le roi. Pour moi, je n’ai pas été épargnée. On m’a très libéralement supposé les deux goûts, celui des femmes et des amants. Quoique les méchancetés plaisent assez dans ce pays-ci, celles-ci sont plates et de si mauvais ton qu’elles n’ont aucun succès, ni dans le public, ni dans la bonne compagnie. »

Des chansons satiriques, en effet, se moquaient ouvertement du couple royal. Un extrait d’une chanson de 1775, qui, dit-on, tomba dans les mains de celle qui était devenue Reine.

Chacun se demande tout bas
Un roi peut-il, ne peut-il pas?
La triste reine en désespère.
L’un dit qu’il ne peut ériger.
L’autre qu’il ne peut s’y nicher
Qu’il est flûte traversière.

 Ma fille ayez un successeur,
Peu importe que le faiseur
Soit devant le trône ou derrière.
Mais avant de faire un cocu,
Tâchez de l’avoir convaincu
Qu’il a le pouvoir d’être père.

 Petite reine de vingt ans
Qui traitez mal les gens.
Vous repasserez en Bavière.
En attendant ces doux instants,
Le doux fruit de vos passe-temps,
Vous aurez ma chanson, j’espère.

Mona chanté rien que pour vous !

Même pas pleurs

Pleurer au bureau ? Moi, jamais.

Les plus anciens d’entre nous ont du fredonner la Céline d’Hugues Auffray :

Ne pleure pas, non, ne pleure pas
Tu as toujours les yeux d’autrefois
Ne pleure pas, non, ne pleure pas

Ma Chère Mona, je ferai tout pour que vous ne pleuriez jamais en ma présence. Non, non, ne me remerciez pas, je fais çà surtout pour moi. Figurez vous que des chercheurs Israéliens ont trouvé que le simple fait de sentir les larmes d’une femme réduit l’excitation sexuelle chez les hommes. 

Comment ont-ils fait ?

Ils ont réuni quelques dames devant un film bien triste et ont récupéré les larmes que les belles ont versées au moment où leur héros meurt en tombant de sa mobylette…

Des volontaires mâles furent réunis et on leur projeta des images de jolies femmes. Sous leur nez un coton contenait des larmes des spectatrices de la veille ou une simple solution saline. Grâce à un suivi permanant, les chercheurs purent mesurer la testostérone en baisse chez ceux qui humaient les larmes. De plus, ils ont constaté chez ces mêmes hommes, grâce à l’IRM, une baisse de l’activité dans les zones du cerveau dédiées à l’activité sexuelle dès que l’on mettait le coton sous leur nez.

Vous comprendrez ma chère, qu’après de tels résultats, je ne souhaite pas vous voir en pleurs.

Tiens, si on buvait un coup !! Que diriez-vous d’un Côtes de Nuits Villages 2009 du Domaine Dubois. Bien que fort jeune, ce vin est un concentré de fruits. Une bouteille pour le plaisir.

Un livre qui fera des Degas

Sans moi, Topor n'aurait jamais écrit ce livre

Hilarant ! Les Mémoires d’un vieux con de Topor sont un régal. L’auteur anonyme de cette tranche d’histoire de l’art qui couvre la fin du XIXème et une bonne partie du XXème siècle, est un artiste peintre qui est à l’origine de tous les mouvements qui ont germé au cours de cette période. On rencontre tous les grands qui doivent tant à l’auteur. Et pourtant, son génie a été oublié. Un livre de 150 pages que vous dévorerez.

Je les ai tous connus, tous! […] C’est moi qui leur ai donné leurs meilleures idées, moi qui leur ai montré le chemin de l’Art moderne. Ils se sont contentés de suivre la voie tracée par mon Œuvre. Un homme peut incarner l’Histoire. J’ai été cet homme-là pour l’histoire de l’art. L’aveu me coûte, car il peut passer pour celui d’un cuistre ou d’un vaniteux. Ce n’est pas le cas. J’aurais préféré me taire et que d’autres reconnaissent mes mérites. Hélas! Ils confondent tout. Leur myopie est telle qu’ils ne distinguent même pas le vrai du faux, le génial du poussif. À la fin, j’étouffe et je crie la vérité pour qu’elle ne me tue pas. Je suis celui par lequel le scandale est arrivé. C’est moi qui ai tout changé. Pourquoi? Parce que tel était mon bon plaisir. Parce que je voulais laisser une empreinte indélébile dans la mémoire des hommes. On a cru acheter mon silence en m’offrant de l’argent. Beaucoup d’argent. Mais je ne me tairai pas. Je trouve insuffisant le pont d’or sous lequel on a tenté de m’enterrer. Et puis j’ai besoin de me venger. Oh! je n’ai pas à me plaindre! On m’a fait la vie belle. Ma colère vient d’ailleurs. Et d’abord de la médiocrité de mes contemporains! En rédigeant ces Mémoires, les noms des plus fameux viennent au fil de ma plume et j’entends d’ici les exclamations de surprise, les cris d’admiration!  Quelle farce! Je les ai tous connus. Et alors? Et après? Ils étaient pour la plupart mesquins, vaniteux, terriblement intéressés, sans scrupule, immoraux, bluffeurs, prétentieux, aigris, ratés. Ils m’ont tout volé. Même ce que je ne possédais pas.

Mona peint les plus belles œuvres du siècle en pensant à vous. En un mot çà ma muse !

Coup d’épée dans l’os

L’adoubement est une cérémonie au cours de laquelle on élevait un jeune homme au rang de chevalier. Pour adouber le nouveau venu, on suivait un cérémonial immuable :

L’impétrant était baigné, symbole de purification. Au sortir de l’eau, on l’habillait d’une tunique blanche, signe de pureté ; d’une robe rouge, marque de ce qu’il était tenu de répandre son sang pour sa foi et son devoir ; d’un justaucorps noir, image de la mort qui l’attendait. Puis il observait un jeûne durant une journée et passait la nuit suivante en prière.
Le lendemain matin, au cours d’un office religieux, il s’avançait vers l’autel, l’épée de chevalier suspendue à son cou. Le prêtre la détachait et la lui tendait après l’avoir bénie. Le jeune allait ensuite s’agenouiller devant le seigneur qui lui conférait son titre. Après son serment , il recevait l’accolade de son seigneur et trois coups du plat de son épée sur l’épaule. Dès ce moment, il pouvait monter à cheval avec armes et casque. Il était pour la vie un Chevalier.

Ce vieux mot français « adoubement » est dans l’imaginaire de chacun une des scènes les plus évocatrices du Moyen-Age.

Mince, j'ai raté

Poudre pour votre canon ?

En 2008, Sato Foods Industries, société japonaise d’agro-alimentaire a déposé des brevets pour une invention étonnante. La société indiquait qu’elle avait réussi à mettre l’alcool en poudre. Ainsi en mélangeant une fine poudre grisâtre à de l’eau en proportions égales, on peut obtenir du vin rouge ou du Cognac. Même si l’effet de surprise est garanti, la société ne vise pas les gros consommateurs qui pourraient trouver avantage à trimballer leur consommation en poudre pour éviter toute casse dans les valises et gagner de la place.

Un verre de Sato, c'est déjà un verre de trop ?

L’alcool en poudre peut être ajouté à des matières non miscibles telles les huiles et ainsi améliorer l’éclat des aliments frits. On peut l’utiliser pour attendrir la viande et réduire sa perte en eau à la cuisson.

Encore un brevet destiné à duper le con-sommateur ? Merci Sato.

Bon Mona, rangez votre poudrier et sortez deux verres. Je vais ouvrir une bouteille de vin, du vrai : Heluicum 2009. Ce Vin de Pays produit par les Vins de Vienne est une corbeille de fruits. Inutile de rajouter des poudres ou de l’eau. C’est trop bon ! 

Therbousch et Boucher

Anne Dorothée Lisiewska, femme Therbousch, est une artiste peintre née à Berlin en 1721. Elle se rendit à Paris en 1765 et présenta un tableau au Salon de 1767. Diderot, dont, elle fit un portrait au torse nu, ne fut pas surpris que cette toile soit refusée. Il raconte

Elle avait préparé, pour ce Salon, un Jupiter métamorphosé en Pan, qui surprend Antiope endormie, je vis ce tableau lorsqu’il était presque fini. L’Antiope à droite, était couchée toute nue, la jambe et la cuisse gauche repliées, la jambe et la cuisse droite étendues. La figure était ensemble et de chair ; et c’est quelque chose que d’avoir mis une grande figure de femme nue ensemble ; c’est quelque chose que d’avoir fait de la chair. J’en connais plus d’un, bien fier de son talent, qui n’en ferait pas autant. Mais il était évident, à son cou, à ses doigts courts, à ses jambes grêles, à ses pieds, dont les orteils étaient difformes, à son caractère ignoble, une infinité d’autres défauts, qu’elle avait été peinte d’après sa femme de chambre ou la servante de l’auberge. La tête ne serait pas mal, si elle n’était pas vile. Les bras, les cuisses, les jambes, sont de chair; mais de chairs si molles, si flasques; mais si flasques, mais si, molles, qu’à la place de Jupiter j’aurais regretté les frais de la métamorphose. A côté de cette longue, longue et grêle Antiope, il y avait un gros ange joufflu, clignotant, souriant, bêtement fin, tout-à-fait à la manière de Coypel, avec toutes ses petites grimaces. Je lui observai que l’Amour était une de ces natures violentes, sveltes, despotes et méchantes, et que le sien me rappelait le poupart épais , bien fait, bien conditionné , de quelque fermier cossu. Cet Amour, prétendu caché dans la demi-teinte, levait précieusement un voile de gaze qui laissait Antiope exposée toute entière aux regards de Jupiter. Ce Jupiter satyre n’était qu’un vigoureux portefaix à mine plate, dont elle avait allongé la barbe, fendu le pied, et hérissé la cuisse : il avait de la passion ; mais c’était une vilaine, hideuse, lubrique, malhonnête et basse passion. Il s’extasiait, il admirait sottement, il souriait, il avait la convulsion, il se pourléchait. 

La suite de ce texte est une attaque en règle contre Boucher que j’ai eu le plaisir de vous présenter il y a quelques semaines.

Mona-rtiste, c’est vous ?