Ce vin d’or dans ma cave

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Décidément tout fout le camp. Dans les années 1900, les vins de Sauternes étaient fort réputés, fort appréciés et fort consommés. Il suffit de regarder les cartes des restaurants de l’époque pour trouver une offre pléthorique de ces liquoreux souvent plus mis en avant que les vins rouges. Certes, la richesse des plats d’alors débordant de sauce facilitaient l’absorption de ces vins si riches.

Mais depuis une cinquante d’années, la descente aux enfers est inexorable et s’accélère ; les Sauternes ont quasiment disparus de nos cartes et de nos tables. Comme me dit un ami, nous avons tous dans nos caves des merveilles aux éclats d’or qui dorment sagement mais que nous ne sortons qu’en de rares occasions. Bien sûr au moment des fêtes, on en ouvre une bouteille pour manger le foie gras et puis on les oublie…

Et pourtant que de plats peuvent se marier avec ce vin : un simple poulet rôti préalablement frotté d’une gousse d’ail, un fromage persillé, la cuisine chinoise…

Et pourtant notre peur du sucre, notre volonté d’être mince comme un fil de fer tuent les vins riches comme les Sauternes ou les Banyuls. Un propriétaire d’un cru classé affirme que si chaque Français buvait un verre de Sauternes par an, la production serait épuisée. Il faut croire qu’on est loin du compte puisque trois châteaux, dont deux 1er Crus ont élaboré un ersatz de Sauternes destiné à être bu en apéritif noyé dans du Perrier.

O tempora, ô mores !

Ma chère Mona, je reconnais bien volontiers que moi-même je ne contribue que trop rarement à réduire les stocks de ces vins d’or. Allez ma belle, sortez deux verres et je vous sers un Château Coutet 2001. Une explosion d’arômes : exotiques, abricot, épices. La fin de bouche est fraîche. Le verre vide sent encore Coutet et la bouche est longuement imprégnée de ce nectar.