Sam énerve

mona-milo
Il faut vraiment qu’elle vous aime cette femme héroïque

Y’a des matins, où on aimerait que le facteur soit malade. Quand on reçoit des missives comme celle qui suit, on se demande pourquoi, oui pourquoi tant de haine. Mais vous connaissez notre franchise et notre honnêteté. Nous la publions telle qu’écrite par Sam d’Eigoute.

Mona
Est-il nécessaire de vous dire que j’abhorre ce que vous écrivez ? Vous méritez d’être admonestée. Que d’inanité dans vos textes ! Vous jaspinez, blablatez et cancanez plus que vous n’instruisez. Certes, vous êtes affidée à Lépicurien, ce bellâtre catafalqueux, quinteux et cauteleux, voire croquignolesque. C’est dans un ergastule qu’est sa place. Et s’il le faut, je suis prêt à devenir son ergastulaire. Plutôt que d’user de flagornerie à son endroit, devenez son égérie. Sa forfanterie et son outrecuidance ne reposent sur rien. Il s’effondrera tel un soliveau ou un fantoche déchu.
Vous qui êtes de nature si lascive, devenez notre muse, notre enseignante, notre modèle. Avec vous, je deviendrai logophile. Callipyge, vos courbes ouvrent mes esgourdes. Débarrassée de votre tyran, vous nous offrirez des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas.     
J’espère que cette diatribe vous sera salutaire et utile. Si je vous morigène de la sorte, c’est pour votre bien et le notre.
Sam d’Eigoute

A la lecture de ce brûlot, c’est bien simple, les bras m’en sont tombés. Je suis comme la Vénus de Milo. J’en ai pleuré comme la Vénus a mis l’eau. Aussi, ce n’est pas facile de transcrire la douleur qui m’étreint (comme dirait un chef de gare). Mais vous me connaissez ; pour vous rien ne m’arrête et c’est avec un stylo entre les dents que je tape sur mon ordinateur. Après un démarrage difficile aaaaaaaazzzzzrrryyyyyyyeerttt, j’acclimate mes dents, mon pencil et mon clavier. qqqqqqqqqqq. Sans Lépicurien, que serai-je ? Rien, un simple fétu, une plume ballotée par le vent. Aussi, je continuerai à travailler à ses cotés. Il est ma fierté, ma préférence à moi. Et je lui tendrai un houspillon[1] et nous trinquerons à notre amitié et coopération indestructible.

Bon en attendant, je dois transcrire en langage compréhensible par chacun de vous.

Le Sam, il dit qu’il déteste mes écrits et que je mérite une avoinée. Mes textes sont tellement creux qu’ils ne lui apprennent rien. Et comme il pense que je suis sous le joug de Lépicurien qu’il traite de triste sire, malsain et grincheux mais en même temps ridicule, Sam me conseille de ne plus le flatter mais de prendre le pouvoir du Journal. La vantardise de mon patron et son arrogance disparaitront immédiatement et il s’effondrera comme un château de cartes. Enfin, il me titille en soulignant la perfection de mes courbes qui, dit-il, l’aident à être attentif à mes propos. Et comme pour se dédouaner, Sam espère que son engueulade me sera utile.  

Mona un regard melliflue[2] pour son patron.


[1] Verre de vin
[2] Qui a la suavité du miel