Rivale ta haine

Lépicurien, vous avez dit récemment que la Montespan fut répudiée par Louis XIV. Comme vous ne dîtes pas pourquoi, j’ai pris la liberté de creuser cette affaire et de vous en dire un peu plus.

Nous sommes en 1680. La Marquise de Montespan a fêté ses 40 ans, elle a accouché 7 fois et çà se voit. Sa taille s’est élargie, son ventre l’encombre. En un mot, elle s’est amochie.

Mesdames de Montespan et de Fontanges

Le Roi s’emmouracha d’une jeunette, Marie Angélique de Scorraille de Roussille, duchesse de Fontanges. Pour ses 19 ans, elle accoucha d’un garçon mort-né et ne se remit pas des suites. Enlaidie par la maladie, le Roi ne cherchait plus à la voir. A vingt ans, elle s’éteint. Et en pleine affaire des poisons, le décès parait suspect. La Montespan, déjà en disgrâce, se serait vengée en empoisonnant sa rivale. La participation de la Marquise à cette affaire de poisons ne fut jamais éclaircie. Mais le fait que le Roi n’acceptât d’autopsie de Mlle de Fontanges ne fit qu’amplifier la rumeur. La famille fit autopsier le corps sans percer le mystère.

Il y a une trentaine d’années, une nouvelle étude du rapport d’autopsie permit de découvrir qu’un bout de placenta n’aurait pas été retiré de la patiente. Il aurait provoqué de fortes hémorragies et déclenché un cancer fatal à la jeune Marie Angélique.

Louis XIV, certain que la Montespan était une empoisonneuse, cessa définitivement sa liaison et, après le décès de la Reine Marie-Thérèse, se tourna vers la religion et la Scarron.[1]

Mona jamais répudiée par quelqu’un. Qu’on se le dise !


[1] Madame de Maintenon

C’est Maintenon ou jamais

Mona se repose dans le parc de Villarceaux

Louis de Mornay (1619-1691), était marquis de Villarceaux et Capitaine-Lieutenant des Chevau-légers de Monseigneur le Dauphin, futur Louis XIV.

Il rencontre Ninon de Lenclos, la belle qui collectionne les amants comme certains collectionnent les plaques de Champagne. On ne compte plus ceux qui se sont glissés dans son lit : elle fut d’ailleurs surnommée « Notre Dame des Amours »[1]. Mais les hommes ne restent jamais longtemps auprès d’elle, un mois tout au plus.

Avec Louis de Mornay, la passion durera trois ans (un record) et un fils nait de leurs amours : Louis.[2]

Ninon avait rencontré Françoise d’Aubigné[3], alors âgée d’à peine 16 ans. Elles deviennent amies (voire plus) et Ninon apprend l’art de l’amour à sa protégée qui épouse Scarron. Ninon invite Françoise à la rejoindre à Villarceaux. Mornay n’est pas insensible au charme de Madame Scarron.

Alors que la relation avec Ninon battait de l’aile, Louis de Mornay prit pour maîtresse une Duchesse plutôt âgée. Ninon, sachant que le Marquis espérait bien ajouter la jeune Françoise Scarron à son « tableau de chasse »…, elle écrivit à la Duchesse :

« Non, madame, ce n’est pas moi qui ai la barbarie d’éloigner Villarceaux de vous, mais un ennemi mortel de l’amour, qui sert à-la-fois à le faire naître et à le détruire, et cet ennemi cruel c’est le temps. Sans doute il est affreux que n’ayant pas encore diminué vos charmes il ait le pouvoir de les faire oublier… »

Il est difficile de savoir si le Marquis est parvenu à ses fins avec Françoise. En lisant la correspondance que cette dernière échangea avec Ninon, chacun se fera son idée ; mais toujours est-il que Mornay peignit un tableau de Madame Scarron, en Diane, fort suggestif, loin des tableaux que nous connaissons de Madame de Maintenon. Si vous voulez voir ce tableau, rendez vous donc au Château de Villarceaux[4].


Françoise d'Aubigné peinte par le Marquis de Mornay (Château de Villarceaux)

Mona pas posé en chasseresse, elle…


[1] Le jour de ses 70 ans, Ninon coucha avec l’abbé Nicolas Gédoyn.

[2] Louis, Chevalier de la Boissière sera officier dans la Marine royale. Il mourra à près de 80 ans.

[3] Françoise d’Aubigné, mariée à Scarron, puis à Louis XIV…

[4] Dans le Val d’Oise, à 40 km de Paris.