Belle comme une Rose

Rose ne fut jamais reconnue comme une vraie sans-culotte

Durant la Révolution, le rôle des femmes a souvent été minimisé au profit des hommes. Et pourtant, on admet que ce sont des femmes qui sont venues jusqu’à Versailles chercher le Roi et qui l’ont ramené à Paris.

Mais leur participation aux événements est rarement évoquée, hormis Charlotte Corday. Dans ce blog, je vous ai présenté Olympe de Gouges qui a fini sur l’échafaud.

Aujourd’hui, nous allons faire connaissance de Rose Lacombe. Elle fut d’abord une actrice renommée et très jolie. En 1789, à l’âge de vingt-deux ans, elle débarque à Paris pour participer à la Révolution. Après avoir marché sur Versailles, elle fonda la « société des femmes révolutionnaires ». Ayant obtenu une meilleure considération de ses concitoyennes, elle se présenta en 1793, au lendemain de l’assassinat de Marat, devant la Convention et y déclara :

«Législateurs, on est venu surprendre hier votre religion. Des intrigants, des calomniateurs, ne pouvant nous trouver des crimes, ont osé nous assimiler à des Médicis, à une Élisabeth d’Angleterre, à une Antoinette de France, à une Charlotte Corday ! Ah! sans doute, la nature a produit un monstre qui nous a privés de l’ami du peuple ; mais nous, sommes-nous responsables de ce crime? Charlotte était-elle de notre société? Ah! nous sommes plus généreuses que les hommes! notre sexe n’a enfanté qu’un monstre, tandis que, depuis quatre ans, nous sommes trahies, assassinées par les monstres sans nombre qu’a produits le vôtre. Nos droits sont ceux du peuple; et si on les opprime, nous saurons opposer la résistance à l’oppression.»

Ce discours tenu devant une assemblée d’hommes fut mal accueilli.

Pire, elle devint l’amante d’un certain Rey, aristocrate. Malgré nombre d’interventions, elle ne put le faire gracier. Après qu’il fut monté sur l’échafaud, elle disparut à tout jamais et finit, dit-on, épicière.

Mona mour, lui, il a toute sa tête !

A Versailles, l’enfant n’est pas roi…

Madame Adélaïde avec sa nurse ?

Vous avez dû le remarquer : comme Lépicurien, je suis assez attirée par la famille royale et notamment au temps des Louis XIV, XV et XVI.
Alors encore un article sur cette époque. En lisant les mémoires de personnages ayant vécu à  Versailles, on s’aperçoit que les enfants étaient réellement absents de cet univers. Dans ce vaste château, il n’y avait pas de place pour eux surtout lorsqu’ils étaient en bas âge. Les enfants qui naissaient même au sein des familles les plus illustres étaient placés dès leur naissance en nourrice. On avait même prévu un « bureau de placements » à cet effet qui était chargé d’expédier les nouveau-nés dans les bourgades environnantes. En consultant les registres paroissiaux, on relève que le nombre d’enfants mourant durant leurs premières années était fort important. Plus curieux pour nous, les parents n’assistaient même pas aux obsèques.

Seuls les enfants de la famille royale habitaient au palais. Mais les liens de famille étaient très distendus. Elevés par des nourrices, des précepteurs, les enfants voyaient peu leurs parents. D’ailleurs, Louis XV, sur les conseils du Cardinal de Fleury, décida d’envoyer cinq de ses filles à l’abbaye de Fontevrault. Seule la plus jeune, Adelaïde, du haut des sept ans, réussit à attendrir son royal papa et ne partit pas.  Les quatre autres quittèrent Versailles en cette année 1738.

Victoire ne revint à la cour qu’en 1748, Sophie et Louise en 1750. Quant à Thérèse, elle ne revint pas, elle était morte en 1744 à Fontevrault.

Pourquoi Louis XV accepta-t-il de se séparer de ses enfants ? Deux hypothèses sont avancées par les historiens :

– volonté de ne pas donner un rôle trop important à la Reine, Marie Leszczyńska qui avait donné dix enfants à Louis XV,

– répondre à la volonté du Cardinal Fleury d’éloigner les enfants pour ne pas « profiter » de  la vie de débauche de la Cour et du Roi.

Mona pas d’enfants cachés. Je vous le jure…

L’âge d’oraison

Faudrait conclure, nos bourdaloues sont pleins

« Le Père Bourdaloue fit un sermon qui transporta tout le monde ; il était d’une force, à faire trembler les courtisans ». C’est Madame de Sévigné qui parle ainsi de Louis Bourdaloue. Louis XIV fit venir ce jésuite (1632-1704) à Versailles. Ses dons de prêcheur furent vite remarqués. Il était considéré comme roi des prédicateurs et le prédicateur des rois. Et si son nom fut oublié, c’est parce qu’il défendit un peu trop la cause des Jansénistes. Pourtant, il fut chargé de prêcher, à la cour du Roi Soleil, pas moins de cinq avents et cinq carêmes entre 1672 et 1697.

Mais son nom est attaché à une rue de Paris (9ème arrondissement). Au XIXème siècle, un pâtissier de ladite rue, y créa une tarte aux poires et aux amandes : la tarte Bourdaloue.

Bourdaloue

 

Et puis, il donna son nom à une sorte de pot de chambre oblong. Le jésuite était connu pour la longueur de ses sermons qu’il énonçait sans aucune note. Le temps passé à écouter le prêtre n’était pas sans conséquences sur la vessie des dames. Aussi, sous leurs larges robes, elles posaient ce pot de chambre qui leur permettait de se soulager facilement.

Mona pas pu faire pipi dans son barbeloue. Elle avait gardé sa culotte.

Il n’est jamais trop fard

Lépicurien a laissé traîner le « Dictionnaires des anecdotes » qu’il a utilisé pour l’article d’hier. J’y ai trouvé cette courte histoire :

Une duchesse très fardée se promenait dans le parc de Versailles avec d’autres dames. Un seigneur de la cour, qui a la vue un peu basse, était de la partie ; il s’avisa, sous prétexte qu’il était nouvellement arrivé de campagne, de vouloir donner à cette duchesse un baiser qu’elle évita en faisant adroitement demi-tour à gauche et en se retranchant derrière une statue qui fut tendrement baisée à sa place. Cette méprise fit rire toute la compagnie ; mais le seigneur, sans se déconcerter et prenant d’abord son parti :

« Il n’y a rien de perdu, s’écria-t-il, plâtre pour plâtre, c’est à peu près de même ! »

Mona jamais beaucoup de fard.

Les fourberies de scalpel

18 novembre 1686, chirurgiens, apothicaires rentrent dans la chambre de Louis XIV. Le roi fut placé sur le bord de son lit, un traversin sous le ventre pour élever les fesses, tournées du côté de la fenêtre, les cuisses écartées et assujetties par deux des apothicaires.
Voici comment procéda l’opérateur : une petite incision, faite avec la pointe d’un instrument ordinaire, fut d’abord pratiquée à l’orifice externe de la fistule, afin de l’agrandir et de pouvoir plus facilement y introduire le bistouri à la royale. L’incision fut ensuite pratiquée avec cet instrument. Huit coups de ciseaux enlevèrent toutes les callosités que le chirurgien du Roi, Félix rencontra sous son doigt. Cette partie si douloureuse de l’opération fut supportée avec beaucoup de courage par Louis XIV : pas un cri, pas un mot ne lui échappa.

Rien ne saurait dire l’étonnement dans lequel fut toute la cour lorsque l’on apprit que le roi venait de subir une opération que chacun regardait comme si dangereuse : une fistule bien mal placée.

La réussite de l’opération pratiquée sur Louis XIV, en mettant le comble à la réputation de Félix, mit aussi à la mode son procédé; et il fut facile de constater immédiatement son efficacité, car depuis l’opération faite au roi, il semblait que tout le monde fût attaqué de la fistule. «C’est une maladie, dit Dionis, qui est devenue à la mode depuis celle du roi. Plusieurs de ceux qui la cachaient avec soin avant ce temps n’ont plus eu honte de la rendre publique ; il y a eu même des courtisans qui ont choisi Versailles pour se soumettre à cette opération, parce que le roi s’informait de toutes les circonstances de cette maladie. Ceux qui avaient quelque petit suintement ou de simples hémorroïdes ne différaient pas à présenter leur derrière au chirurgien pour y faire des incisions ; j’en ai vu plus de trente qui voulaient qu’on leur fit l’opération, et dont la folie était si grande, qu’ils paraissaient fâchés lorsqu’on les assurait qu’il n’y avait point nécessité de la faire.»

C’est dur la vie de courtisan. Mais fils, tu le… vaux bien

Mona pas subi d’opération.

N’oubliez pas Madame pipi…

Après la Révolution de 1830, Charles X qui, comme Louis XVIII était le frère de Louis XVI dut repartir en exil. C’est son cousin, Louis-Philippe d’Orléans qui fut proclamé roi des Français. En1833, il décida de transformer le Château de Versailles qui menaçait de s’effondrer, en musée.
Ces galeries furent inaugurées en 1837 et dédiées «à toutes les gloires de la France». Le souhait du souverain était de réconcilier tous Français qu’ils furent partisans de tel ou tel des régimes qui s’étaient succédés depuis 1789…
Pour ce faire, il puisa dans les collections royales. Agrandi au cours des siècles, c’est le plus grand fond iconographique de l’histoire de France. Si aujourd’hui, ce musée est malheureusement fermé, sa réouverture est prévue…
Un proche de Louis-Philippe, une fois les travaux terminés, proposa à une vieille courtisane qui avait connu le château au temps de Louis XVI, une visite en avant première.
La noble Dame rentra toute émue dans le château. Mais elle était presque aveugle.
Interrogé par son hôte, elle dit qu’elle ne reconnaissait pas les lieux où elle avait vécu.
– C’est normal, vous ne voyez plus bien.
– Mais, non, c’est qu’il manque l’odeur…

Quand vous visitez Versailles, n’oubliez pas que seul Louis XVI avait fait installé un seul lieu d’aisance pour son usage personnel. Quant aux autres habitants et visiteurs, bien que de nombreux porte-seaux circulaient dans les galeries, ils n’hésitaient pas à sa soulager entre deux portes ou dans l’embrasure d’une fenêtre.

Allez Mona, nous allons boire un vin riche en arômes : Muscat Sec Libertine 2008 de Grès Saint Paul. Une impression de croquer des raisins à pleine dent….

Pour vous rafraichir, je vous propose une causerie fort intéressante de Jacques Attali sur l’avenir du parfum (durée 14 mn). Clair, limpide… Grandiose !