Chez Mac Do, c’est dîne et pars…?

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Mac Donald’s a annoncé qu’il vendrait en France dès février 2013, un burger au camembert. Certains s’en émeuvent, d’autres applaudissent. Quant à moi qui ne fréquente pas les fast-food, çà me glisse comme un pet sur une toile cirée. En effet, depuis que nos grands industriels du lait ont transformé la recette ancestrale du camembert et que ce fromage, symbole de la France, est devenu un produit industriel quelconque, je suis affligé et je continue à manger le vrai Camembert de Normandie Et pourtant, seuls 5% des fromages ont le droit à l’appellation et sont issus de lait entier. Tous les autres ne sont que de pâles copies aux mains de grands groupes tels Lactalis et Bongrain. Déjà dans un article, j’avais attiré votre attention sur la mascarade qui consistait à changer si peu la boîte du «faux» Camembert pour tromper le consommateur Et çà marche puisqu’en 2007, la production en AOC était encore de près de 15%.

Françaises, Français, vous assistez à la mort d’un fleuron de notre table sans rien dire. Tant pis pour nous ! Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que le groupe américain de mangeaille rapide s’empare d’un médiocre ersatz du fromage, emblème du génie gastronomique français pour le faire ingurgiter à notre jeunesse.

Nous sommes tous coupables. En acceptant de remplir nos assiettes avec des produits toujours moins chers, sans goût et sans odeur, nous n’avons que ce que nous méritons.

Si vous faîtes partie de ces quelques gaulois irréductibles qui refusent le nivellement par le bas, allez sur ce site qui vous donnera en fin de page, le nom des rares fabricants qui continuent, contre vents et marées, à produire de vrais camemberts. En achetant leurs fromages, vous les aiderez à maintenir la qualité qui fit l’orgueil de la France.

Mona, j’ai amené un vrai camembert. Pour l’honorer comme il se doit, je vous propose un Champagne Brut de Pol Roger. Cet accord peut paraître surprenant et pourtant quel plaisir.

Y’a de quoi en faire un fromage !

Il aura fallu plus de 10 ans. Mais cette fois, c’est fini Mc Do a été condamné en cassation et ne pourra plus utiliser les Appellations d’Origine Protégées (AOP, anciennement AOC) à toutes les sauces. En 2000, le faiseur de hamburgers lançait une gamme à base de fromages régionaux à grand renfort de publicité (voir vidéo ci-dessous). Mais le produit ne contenait que 8.5% de reblochon ou 6% de tomme de Savoie, le reste du fromage étant du cheddar. Quant au « hamburgé » au Beaufort, c’était mieux : 51% de Beaufort et le reste en cheddar.
Toute la question était de savoir si l’industrie agro-alimentaire pourrait impunément faire ce qu’elle veut avec les AOP. Après le camembert, c’est un nouveau camouflé pour ces faiseurs de bouffe.

Mona, il faut arroser çà. Je vous invite à boire un verre du Château Pipeau 2003. Ce domaine de Saint-Emilion propose toujours des vins pleins de fruits. Sur ce millésime caniculaire, le fruit confituré se termine sur une finale très élégante.

C’est un brie qui court

La TRADITION et les vieilles habitudes ont la vie dure en France. C’est au moment où l’on amène le fromage, que l’on se sent obligé d’ouvrir la bouteille de derrière les fagots. Et combien de bouteilles de grands vins, issu d’un grand millésime, ayant dormi de longues années en cave, finissent sur une table confrontées à un camembert, un maroilles…  et meurent en direct dans une indifférence générale. Quel gachis !!

Certains sommeliers n’hésitent pas à déclarer :1066622591_3fc56e9278_o

Il vous reste une bouteille de mauvais vin rouge ? Servez-le donc avec un peu de fromage. Après quelques bouchées, personne ne fait la différence entre un vin d’exception et un «gros rouge qui tache».
Deux chercheurs de l’Université de Californie à Davis, ont fait tester des vins de qualité variable, avec ou sans fromage, par des goûteurs expérimentés et ont découvert que le fromage faisait disparaître les arômes, l’acidité et l’astringence de tous les vins, qu’ils soient très bons ou mauvais.
Ce sont probablement les protéines du fromage qui empêchent les arômes de s’exprimer ou le gras qui masque les récepteurs du goût.

Alors, votre prochain grand flacon de vin rouge, servez le plutôt avec la viande. Et pour le fromage, contentez vous d’un vin rouge jeune et peu tannique (Loire, Beaujolais…) ou d’un vin blanc sec, notamment pour les fromages de chèvre, ou par exemple, d’un vin moelleux ou liquoreux pour accompagner les fromages bleus (Roquefort, Fourme …). Vous découvrirez de nouvelles sensations.

Mona, si vous allez chez le fromager, rapportez donc un morceau de Comté de 12 mois. Je vous ferai découvrir un mariage fabuleux avec le Vin Jaune.

Le roman du Camembert

camembert-3Le Camembert tire son nom d’une commune de l’Orne, du canton de Vimoutiers, où dit-on, l’inventa  au cours de la Révolution, une fermière appelée Marie Fontaine épouse HAREL. Son origine, mais sous une forme différente, est plus lointaine. En effet, un siècle plus tôt, les archives paroissiales du village de Camembert font mention de cette spécialité fromagère.

Cependant l’apport de Marie Harel est incontestable : la forme et le goût du fromage ont été fortement modifiés en 1791. Un prêtre réfractaire, fuyant la Terreur, trouve refuge chez la fermière Marie Harel. Originaire de la Brie, l’ecclésiastique lui enseigne la manière briarde de faire le fromage. Vendus sur les marchés alentours, le succès est immédiat. La production de Marie se trouve vite insuffisante pour répondre à la demande.

C’est le mari de sa fille, Victor Paynel qui lance la première fabrique du fameux fromage. Il faudra attendre 1890, pour qu’un négociant havrais, Monsieur Rousset, donne au camembert un second souffle en lançant la boîte en bois qui permettra de l’acheminer sans problème sur de longues distances. Jusqu’à cette date, il voyageait sur un lit de paille. Le développement des chemins de fer fera le reste. Il devint l’un des fromages les plus vendus aux Halles de Paris. Copié avec plus ou moins de succès dans de très nombreux pays, symbole des fromages français, il faut en 1983, le protéger par une AOC (Appellation d’Origine Contrôlée). Ainsi sur l’étiquette, pour être sûr d’en déguster un authentique, il est est indispensable de lire sur l’étiquette “Camembert de Normandie” avec comme précision complémentaire “au lait cru, moulé à la louche”.

Or, depuis mars 2007, les principaux industriels (Lactalis), avec leurs marques plus que centenaires comme Lepetit, ont abandonné l’AOC en arêtant la production de camemberts  au lait cru. Ces groupes étaient persuadés que, compte tenu de leur poids économique, ils arriveraient à récupérer l’AOC. Mais les tribunaux en ont décidé autrement.

Alors, épicuriennes, épicuriens, la survie du vrai camembert est entre vos mains. Regardez bien la photo ci-dessous : vous y voyez, à droite, la boîte de Lepetit telle qu’elle était avant mars 2007 et à gauche, créée mars 2007. Combien de consommateurs n’ont pas remarqué la transformation :  et pourtant, le logo d’AOC, la mention au lait cru et camembert de Normandie ont disparu et ce sans que personne ne s’en soucie.

camembert-lepetitEn boycottant ces produits, nous permettrons aux fromagers qui respectent le cahier des charges de l’AOC de survivre. Et si on le faisait !!! Sélectionnez uniquement les camemberts avec le logo de l’appellation. Il faut mieux en manger moins, mais manger du vrai.

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Marie Harel

Mon patron n’a pas osé s’étendre sur Marie Harel. Moi, je peux.

Aussi permettez moi de vous relater la triste histoire de la statue de Vimoutiers.
En 1926, un Américain, Joe Krinim, arriva dans l’Orne. Directeur d’une clinique aux Etats-Unis, il expliqua que le camembert était utilisé avec succès dans son pays pour soigner les maux d’estomac. Par reconnaissance, il venait déposer une gerbe sur la tombe de Marie Harel.
Cette tombe, on ne la trouva pas. Il posa donc la gerbe sur la tombe de Paynel et il  donna de l’argent pour ériger une statue et un monument à la mémoire de la fermière normande. Le 15 avril 1928, Alexandre Millerand, ancien Président de la République, sénateur de l’Orne, inaugurait ledit monument.
Dès lors, nombre de recherches furent entreprises sur Marie Harel qui démontrèrent qu’elle n’habitait pas Camembert, mais une commune voisine. Des textes de 1708 et 1767 décrivaient même un fromage proche en tous points  au  fameux fromage de Camembert. Mais, comme souvent, la légende l’emporta sur l’histoire.
Pendant les combats de la Libération de 1944, le monument de Marie Harel fut fort endommagé. La commune laissa la statue étêtée en l’état. On peut encore la voir encore ainsi de nos jours. En 1956, une souscription permit d’ériger une nouvelle statue sur la place centrale. Les fonds furent versés par la plus grande fabrique de « camemberts » du monde.  Et ce n’est ni en Normandie, ni en pays Flamand, mais dans l’Etat de l’Ohio (Etats Unis) … à Van Wert.
cliquez sur les images pour les agrandir

Repose en paix, Marie Harel. We don’t forget you, Mary.

Faut dire que chez nous, on a de belles expressions comme : FAUT PAS EN FAIRE TOUT UN FROMAGE… ?
Mona reconnaissante.