Loth de consolation

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Troisième et dernier jour du défi Sand. Qui va gagner ? Récemment, Victor a vidé ses vers et ses boyaux. Plus scato, difficile ! Je ne suis pas certaine que cela t’ouvre le droit à posséder le frifri de la George, mon pauv’ Totor. Faudra aller te consoler auprès de ta Juliette Drouet.
Alfred lui, il choisit le triquard, le genre film interdit au moins de 18 ans. Il en met et en rajoute ; de quoi faire baver la Berrichonne autant qu’un bouledogue devant une boucherie. Et il gagne haut la main. A lui, Aurore Dupin, baronne Dudevant. Youpi !
Je suis donc tenue de vous inviter à éloigner les enfants et les vierges (s’il en reste) de cet écran ; ce qui suit est hard.

Victor se lâche

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Bon, ben, chose promise, chose due. Je fais référence à l’article du 17 courant. Nous commençons avec Totor qui, répondant à l’appel de George, livra ces vers scatologiques. Bon, je vous ai prévenu, c’est graveleux. Ames sensibles abstenez-vous. Pour les autres, ceux qui veulent découvrir, je vous recommande chaudement de ne pas lire ce poème en mangeant.

 Ode à la Merde

Lorsqu’après un repas l’estomac vous tiraille,
Que tout au fond de vous le haricot travaille…
Qu’il est doux de penser que bientôt, pas très loin,
Vous courrez prestement pour chier dans un coin.
Qu’on est bien, accroupi, les coudes sur les cuisses,
Tandis qu’environné d’une troupe de Suisses
On exhibe au grand air l’hémisphère dodu
Qui cache encore aux yeux le chef-d’œuvre attendu.
Ami ! Il est, dit-on, un art en toute chose,
Aussi bien à chier qu’à cultiver les roses.
Or donc, pour opérer avec discernement,
Gardez-vous qu’un papier ne vienne absurdement
Lorsque l’œuvre est parfaite, écraser l’accessoire.
Tss ! Tss ! Pas de papier si vous voulez m’en croire,
Laissez aux constipés ce procédé piteux
Qui gâche absolument un plaisir si juteux,
Que le bout de l’index, seul, fasse cet office.
Quand il aura touché trois fois votre orifice
Qui vient de s’entrouvrir comme une tendre fleur,
Il teindra votre doigt d’une étrange couleur.
Ami, si vous voulez encor’ goûter des charmes,
Sur la blanche muraille, esquissez quelques larmes.
Et si, par aventure, abondant est l’extrait,
De celle que vous aimez vous ferez le portrait.

Alors ? Vos impressions ? Quant à moi malgré les conseils souvent avisés de Victor, je ne m’aventurerai pas à négliger le papier quitte à passer pour une vieille ringarde.

Mona toujours les doigts propres. Merde alors !

Tout le monde des Sand !

Il fut une époque où les amoureux devaient utiliser des lettres codées pour éviter le quand dira-t-on. Au début de leur liaison, Alfred de Musset et George Sand durent surement se servir de cette technique. En effet, il était très mal vu qu’une femme soit plus âgée que son amoureux. Or George avait plus de six années de plus qu’Alfred.


Voici une lettre de George Sand à Alfred de Musset.

Cher ami,

Je suis toute émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l’abandon où je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.

Votre poupée
Lire une ligne sur deux

La réponse du poète  :

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu’un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d’un cœur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n’ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

Alfred de Musset
Ne retenir que le premier de chaque vers


Cette insigne faveur que votre cœur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.

George Sand
Ne retenir que le premier de chaque vers

C’est beau, c’est excitant, que dis-je, c’est érotique à souhait… mais c’est faux. En effet, ces lettres n’ont pas été écrites par ces deux génies du Romantisme. Il s’agit d’un canular écrit après leur mort.

Mona pas déçue. Elle a rêvé.

Des Sand de pantalon

« Cette femme qui s’appelait Lamartine et cet homme qui s’appelait George Sand. »
Décidément, Victor Hugo a la dent dure.

Il faut dire que George Sand (1804-1876) ne peut laisser indifférent : ne porte-elle pas un prénom d’homme, ne porte-elle pas des pantalons ?

George Sand est une femme moderne ; son féminisme ne renonce ni à la féminité ni à la tendresse. Tourgueniev qui fut son ami en dit :
« Il fallait la connaître comme je l’ai connue, pour savoir …l’immense tendresse qui se trouvait dans ce génie. »

Elle aimait les parfums et les bijoux comme toutes les femmes…

Suffisamment connue, elle put vivre tranquillement même en pantalon.

Et pourtant depuis 1800, il était prévu que « toute femme désirant s’habiller en homme doit obtenir une autorisation préfectorale. » A Paris, Adèle Pecquet est condamnée à une amende pour avoir porté, sans autorisation, des pantalons.

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. (Article 1 de Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789)

Et pourquoi pas les femmes ?

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. (Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948)

Mona pas de pantalon aujourd’hui : vous en avez la preuve en image.