Maupassant avec un grand Aime

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Quelle nuit !

Maud Etravo se dit horrifiée après avoir lu çà :
Elle est perfide, bestiale, immonde, impure ; elle est la femme de perdition, l’animal sensuel et faux chez qui l’âme n’est point, chez qui la pensée ne circule jamais comme un air libre et vivifiant.

Qui a pu écrire cette infamie ?
C’est un homme qui disait choisir ses partenaires comme côtelettes en boucherie : Guy de Maupassant.

Pour calmer ses ardeurs, il fréquentait assidument le Chabanais et plusieurs de ces œuvres se déroulent dans le milieu de la prostitution.

Pourtant malgré sa renommée, les femmes attirées par une capacité sexuelle hors du commun tournaient autour de ce libertin obsédé. Ainsi une artiste Gisèle d’Estoc lui avait fait des avances. La lettre qu’il lui adresse pouvait refroidir ses envies :

Chère Madame,
Vous désirez que je vous donne des détails sur moi. Vous avez tort, ils ne vous plairont guère. Je vous ai déjà dit que je n’étais point fait pour séduire les femmes, hormis celles qui sont uniquement des sensuelles et des corrompues.
Quant aux autres, elles ont assez de moi au bout de quinze jours au plus.
Que voulez-vous. Vous avez toutes les croyances, disons toutes les crédulités, et moi pas une. Je suis le plus désillusionnant et le plus désillusionné des hommes ; le moins sentimental et le moins poétique.
Vous êtes choquée, Madame ?

Dans une préface, il se complaît dans la misogynie la plus féroce. Pour lire ce texte, cliquez.

Quant à moi, si Maupassant me fait peur, je dois avouer qu’il m’attire aussi. Passer une nuit avec un tel faune, devait valoir son pesant de cacahuètes. Et en plus avec lui, on était certain de garder sa liberté : Se marier, disait-il, c’est faire tout son possible pour se faire prendre en horreur par quelqu’un.

Quoique vous pensiez de l’homme, je vous invite à lire quelques nouvelles de ce génie de la littérature.  

Mona pas eu des amants de ce niveau… et pourtant !

Histoire d’eau ?

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Même quand il parle de flotte, Maupassant, il est lyrique, poète. Mais je dois vous dire que certaines choses me paraissent incohérentes dans ces vers. Tout d’abord, quelle idée de commencer en parlant d’un baiser pour introduire (si j’ose dire) la source. Vers la fin du poème, il évoque l’odeur de la source. Mais enfin mon cher Guy, chacun sait que l’eau n’a pas d’odeur. Allons, un grand écrivain comme vous. A part ça, c’est bien : les sous-bois, la mousse, la blanche colline, on s’y croirait. Lépicurien en lisant mon texte a souri, il m’a même dit que j’étais fleur bleue viagra; je vois pas pourquoi. Allez lisez la Source de Maupassant et rêvez à ce paysage inoubliable d’une belle source.

Je n’ai point assez du baiser
Dont se contente tout le monde
Et la source où je veux puiser
Est plus cachée et plus profonde!

De votre bouche elle est la sœur !
Au pied d’une blanche colline
J’y parviendrai, dans l’épaisseur
D’un buisson frisé qui s’incline.

Elle est fermée et l’on y boit
En écartant un peu la mousse
Avec la lèvre, avec le doigt,
Nulle soif ne semble plus douce.

Près de l’entrée on trouvera
Ce rocher que frappait Moïse
Et je veux que ma bouche épuise
Le flot d’amour qui jaillira!

Car ma caresse ardente et forte
Fera monter l’onde à ses bords!
Je suis à genoux; c’est la porte
Du sanctuaire de ton corps.

Tu palpites ; je t’y sens vivre,
Et je sens grandir, qui m’enivre,
L’arôme secret de tes flancs!
Car j’aime tes parfums troublants

Plus que l’odeur des forêts vertes,
Plus que la rose et le jasmin,
Source vive, aux lèvres ouvertes !
Et je t’emporte dans ma main,

Senteur divine! Et ma moustache
Ainsi qu’un souffle d’encensoir
Jette à mon cerveau jusqu’au soir
Ce fumet où mon cœur s’attache!

Mona une belle source qu’il dit Lépicurien. Mais qu’est ce qu’il dit ?

Je trinque quand elle fait le tapis

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Guy de Maupassant a toujours été considéré comme un homme à femmes. Certes, certains biographes lui prêtent plus de mille maîtresses. L’un d’eux chiffre même précisément à mille et trois, les femmes qui passèrent entre ses bras. Mais en réalité on ne sait pas grand-chose de leur identité. Ce qu’on sait, c’est qu’il connut nombre de prostituées anonymes, aussi bien que des femmes très en vue rencontrées dans les meilleurs salons littéraires. Dans ses poèmes, on trouve d’ailleurs des vers qui parlent d’un mari trompé. Dans ses lignes, nous avons déjà souvent parlé des cocus. Mais là, l’auteur est dur ; non seulement, il trompe le gars mais en plus, il l’assassine en vers :

 Sans respect

Je connaissais fort peu votre mari, madame;
Il était gros et laid, je n’en savais pas plus.
Mais on n’est pas fâché, quand on aime une femme, 
Que le mari soit borgne ou bancal ou perclus.

Je sentais que cet être inoffensif et bête
Se trouvait trop petit pour être dangereux,
Qu’il pouvait demeurer debout entre nous deux, 
Que nous nous aimerions au-dessus de sa tête.

Et puis, que m’importait d’ailleurs. Mais aujourd’hui 
Il vous vient à l’esprit je ne sais quel caprice.
Vous parlez de serments, devoirs et sacrifice
Et remords éternels! … Et tout cela pour lui?

Y songez-vous, madame? Et vous croyez-vous née, 
Vous, jeune, belle, avec le cœur gonflé d’espoir, 
Pour vivre chaque jour et dormir chaque soir 
Auprès de ce magot qui vous a profanée?

Quoi! Pourriez-vous avoir un instant de remords? 
Est-ce qu’on peut tromper cet avorton bonasse, 
Eunuque, je suppose, et d’esprit et de corps,
Qui m’étonnerait bien s’il laissait de sa race.

Regardez-le, madame, il a les yeux percés
Comme deux petits trous dans un muid de résine.
Ses membres sont trop courts et semblent mal poussés, 
Et son ventre étonnant, où sombre sa poitrine,

 En toute occasion doit le gêner beaucoup.
Quand il dîne, il suspend sa serviette à son cou
Pour ne point maculer son plastron de chemise
Qu’il a d’ailleurs poivré de tabac, car il prise.

Une fois au salon il s’assied à l’écart,
Tout seul dans un coin noir, ou bien s’en va, sans morgue, 
À la cuisine auprès du fourneau bien chaud, car
Il sait qu’en digérant il ronfle comme un orgue.

Il fait des jeux de mots avec sérénité;
Vous appelle: «ma chatte» et : «ma cocotte aimée »
Et veut, pour toute gloire et toute renommée
Être, en leurs différends, des voisins consulté.

On dit partout de lui que c’est un bien brave homme
Il a de l’ordre, il est soigneux, sage, économe,
Surveille la servante et lui prend le mollet,
Mais ne va pas plus haut … Elle le trouve laid.

Ma Chère Mona, j’aurais pu ouvrir un vin jaune du Jura, mais pour éviter toute peine à ceux qui voudront boire un coup avec nous, je vais vous proposer un vin rouge de Bourgogne : Beaune Grèves 1er cru 2002 du domaine Tollot-Beaut. Un nez de fruits rouges, petite touche de torréfaction. Elégance, équilibre magnifique et beaucoup de noblesse et des tanins soyeux. 

Un mot passant

Guy de Maupassant fut un grand écrivain certes, mais il avait un appétit sexuel hors du commun. Il se vantait de pouvoir accomplir jusqu’à vingt étreintes en une seule nuit.  Il fit même constater ses performances devant un huissier. Fier, il se plaisait à présenter Casanova comme un petit joueur, il le nommait d’ailleurs Monsieur six fois.
«Je voudrais avoir mille bras, mille lèvres et… mille tempéraments pour pouvoir étreindre en même temps une armée de ces êtres charmants et sans importance».
Guy de Maupassant est mort à 43 ans de la syphilis qu’il avait contractée à 27 ans…

Je vous propose un poème libertin où l’écrivain exprime sa passion des femmes qu’il aime « collectionner ». 

Désirs

Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes,
De monter dans l’espace en poussant de grands cris,
De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,
Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.

D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines
En refermant dessus leurs deux bras écartés ;
Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,
Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés.

Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle :
Je voudrais être beau comme les anciens dieux,
Et qu’il restât aux cœurs une flamme éternelle
Au lointain souvenir de mon corps radieux. 

Je voudrais que pour moi nulle ne restât sage,
Choisir l’une aujourd’hui, prendre l’autre demain ;
Car j’aimerais cueillir l’amour sur mon passage,
Comme on cueille des fruits en étendant la main.

Ils ont, en y mordant, des saveurs différentes ;
Ces arômes divers nous les rendent plus doux.
J’aimerais promener mes caresses errantes
Des fronts en cheveux noirs aux fronts en cheveux roux.

J’adorerais surtout les rencontres des rues,
Ces ardeurs de la chair que déchaîne un regard,
Les conquêtes d’une heure aussitôt disparues,
Les baisers échangés au seul gré du hasard.

Je voudrais au matin voir s’éveiller la brune
Qui vous tient étranglé dans l’étau de ses bras ;
Et, le soir, écouter le mot que dit tout bas
La blonde dont le front s’argente au clair de lune.

Puis, sans un trouble au cœur, sans un regret mordant,
Partir d’un pied léger vers une autre chimère.
– Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent :
On trouverait au fond une saveur amère.

Mona, que c’est beau. Allez, je vous propose de boire un coup à la beauté féminine. Buvons un poiré authentique d’Eric Bordelet. Un cidre de poires fabuleux : on croque le fruit. Et puis à peine 4° d’alcool c’est bien pour ne pas vous saouler.

Un mot…,pas cent

Il y a quelques jours, je vous présentais Alfred de Musset sous un jour que l’on ne trouve pas dans les livres scolaires. Aujourd’hui, je vous propose la lecture d’un texte court de Guy de Maupassant. Cette farce devrait rappeler de bons souvenirs à quelques uns d’entre nous :

La farce que je veux dire date de ma première jeunesse. J’avais quinze ans, et je venais passer chaque vacance chez mes parents, toujours dans un château, toujours en Picardie.
Nous avions souvent en visite une vieille dame d’Amiens, insupportable, prêcheuse, hargneuse, grondeuse, mauvaise et vindicative. Elle m’avait pris en haine, je ne sais pourquoi, et elle ne cessait de rapporter contre moi, tournant en mal mes moindres paroles et mes moindres actions. Oh ! la vieille chipie ! Elle s’appelait Mme Dufour, portait une perruque du plus beau noir, bien qu’elle fût âgée d’au moins soixante ans, et posait là-dessus des petits bonnets ridicules à rubans roses. On la respectait parce qu’elle était riche. Moi, je la détestais du fond du cœur et je résolus de me venger de ses mauvais procédés.
Je venais de terminer ma classe de seconde et j’avais été frappé particulièrement, dans le cours de chimie, par les propriétés d’un corps qui s’appelle le phosphure de calcium, et qui, jeté dans l’eau, s’enflamme, détone et dégage des couronnes de vapeur blanche d’une odeur infecte. J’avais chipé, pour m’amuser pendant les vacances, quelques poignées de cette matière assez semblable à l’œil à ce qu’on nomme communément du cristau.

J’avais un cousin du même âge que moi. Je lui communiquai mon projet. Il fut effrayé de mon audace.
Donc, un soir, pendant que toute la famille se tenait encore au salon, je pénétrai furtivement dans la chambre de Mme Dufour, et je m’emparai (pardon, mesdames) d’un récipient de forme ronde qu’on cache ordinairement non loin de la tête du lit. Je m’assurai qu’il était parfaitement sec et je déposai dans le fond une poignée, une grosse poignée, de phosphure de calcium.

Puis j’allai me cacher dans le grenier, attendant l’heure. Bientôt un bruit de voix et de pas m’annonça qu’on montait dans les appartements ; puis le silence se fit. Alors, je descendis nu-pieds, retenant mon souffle, et j’allai placer mon œil à la serrure de mon ennemie.

Elle rangeait avec soin ses petites affaires. Puis elle ôta peu à peu ses hardes, endossa un grand peignoir blanc qui semblait collé sur ses os. Elle prit un verre, l’emplit d’eau, et enfonçant une main dans sa bouche comme si elle eût voulu s’arracher la langue, elle en fit sortir quelque chose de rose et blanc, qu’elle déposa aussitôt dans l’eau. J’eus peur comme si je venais d’assister à quelque mystère honteux et terrible. Ce n’était que son râtelier. Puis elle enleva sa perruque brune et apparut avec un petit crâne poudré de quelques cheveux blancs, si comique que je faillis, cette fois, éclater de rire derrière la porte. Puis elle fit sa prière, se releva, s’approcha de mon instrument de vengeance, le déposa par terre au milieu de la chambre, et se baissant, le recouvrit entièrement de son peignoir. J’attendais, le cœur palpitant. Elle était tranquille, contente, heureuse. J’attendais… heureux aussi, moi, comme on l’est quand on se venge.

J’entendis d’abord un très léger bruit, un clapotement, puis aussitôt une série de détonations sourdes comme une fusillade lointaine.
Il se passa, en une seconde, sur le visage de Mme Dufour, quelque chose d’affreux et de surprenant. Ses yeux s’ouvrirent, se fermèrent, se rouvrirent, puis elle se leva tout à coup avec une souplesse dont je ne l’aurais pas crue capable, et elle regarda…
L’objet blanc crépitait, détonait, plein de flammes rapides et flottantes comme le feu grégeois des anciens. Et une fumée épaisse s’en élevait, montant vers le plafond, une fumée mystérieuse, effrayante comme un sortilège.
Que dut-elle penser, la pauvre femme ? Crut-elle à une ruse du diable ? A une maladie épouvantable ? Crut-elle que ce feu, sorti d’elle, allait lui ronger les entrailles, jaillir comme d’une gueule de volcan ou la faire éclater comme un canon trop chargé ?
Elle demeurait debout, folle d’épouvante, le regard tendu sur le phénomène. Puis tout à coup elle poussa un cri comme je n’en ai jamais entendu et s’abattit sur le dos. Je me sauvai et je m’enfonçai dans mon lit et je fermai les yeux avec force comme pour me prouver à moi-même que je n’avais rien fait, rien vu, que je n’avais pas quitté ma chambre.

Je me disais : « Elle est morte ! Je l’ai tuée ! » Et j’écoutais anxieusement les rumeurs de la maison.
On allait ; on venait ; on parlait ; puis, j’entendis qu’on riait ; puis, je reçus une pluie de calottes envoyées par la main paternelle.
Le lendemain Mme Dufour était fort pâle. Elle buvait de l’eau à tout moment. Peut-être, malgré les assurances du médecin, essayait-elle d’éteindre l’incendie qu’elle croyait enfermé dans son flanc. Depuis ce jour, quand on parle devant elle de maladie, elle pousse un profond soupir, et murmure : « Oh ! Madame, si vous saviez ! Il y a des maladies si singulières… »
Elle n’en dit jamais davantage.

Bon Mona, je dois vous avouer que j’ai bien ri avec cette farce et que çà m’a remémoré des souvenirs d’enfance ! Bon trêve de mélancolie. Vite sortez deux verres : la Syrah 2008 de Jean Michel Gerin est une explosion (si j’ose dire) de fruits. Quelle gourmandise !

 

rêve

Sein plait

Les seins sont dans l'essieu

En Grèce, au cours des années 1990, un jeune couple part en voyage de noce en train. Le jeune marié insiste pour que sa mère soit du voyage.

Devant l’étonnement de sa femme, il la rassure en disant :

– Elle ne nous gênera pas. D’ailleurs, elle sera dans un autre compartiment.

Attention à la fermeture automatique des portes…

Le soir venu, le jeune homme s’excuse auprès de sa jeune épousée. Il va dire bonsoir à sa mère. Un quart d’heure plus tard, il n’est pas revenu. Inquiète, la jeune femme se dirige vers le compartiment de belle-maman. En ouvrant la porte, elle trouve son mari assis sur les genoux de sa mère, en train (si j’ose dire) de téter !

Cette histoire me rappelle une nouvelle de Guy de Maupassant, grand amateur de femmes et mammophile[1], écrite en 1884 : Idylle.  L’histoire se passe dans un train. Une femme à la poitrine généreuse voyageant seule n’avait pas donné le sein depuis la veille à son petit. Manquant de s’évanouir, elle fut bien heureuse que le jeune homme en face d’elle se proposa pour la soulager.

Mona pas de bébé, çà vous dérange ? ….


[1] Passionné par les seins de femmes. Un peu comme Lépicurien, quoi !